Diagnostic prénatal -ACTIVITÉ DES LABORATOIRES DE BIOCHIMIE FŒTALE

Le nombre d’examens réalisés à la recherche de maladies métaboliques par méthode biochimique est assez faible car, de plus en plus, les analyses consistent en la recherche de variants génétiques en génétique moléculaire. 

Les maladies héréditaires du métabolisme constituent un groupe hétérogène de pathologies dont la plupart sont très rares. Les manifestations cliniques sont variées en raison des multiples voies métaboliques qui peuvent être touchées. Des prises en charge sont possibles pour un certain nombre de ces pathologies. Le pronostic dépend de la pathologie et de la sévérité de l’atteinte.

Ces maladies peuvent être recherchées chez le fœtus en cas d’antécédent familial (Tableau DPN25). 

Les examens de biochimie sont surtout motivés par des signes d’appel échographiques, avec plus de 300 tests par an (tableaux DPN25, DPN26 et DPN27). Dans ce cas, les signes d’appel échographiques sont variés. Le diagnostic prénatal de ces pathologies peut reposer sur des dosages d’activité enzymatique ou de substrat réalisés à partir d’un prélèvement fœtal. Lorsqu’un prélèvement fœtal est réalisé en raison de l’observation de signes d’appel échographiques, un panel d’examens permettant de rechercher plusieurs pathologies héréditaires métaboliques est généralement réalisé. La proportion de tests, réalisés dans le cadre de signes d’appel échographiques, aboutissant à un diagnostic d’affection fœtale varie entre 3,9% en 2019 et 1,3% en 2021 (Tableau DPN25).

 

Tableau DPN25. Biochimie fœtale : maladies héréditaires du métabolisme, évolution de 2017 à 2021
Tableau DPN26. Maladies héréditaires du métabolisme recherchées sur signes d'appel échographiques : évolution par signe d'appel de 2017 à 2021
Tableau DPN27. Maladies héréditaires détectées sur signes d'appel échographiques : évolution par indication de 2017 à 2021

Les examens d’hormonologie effectués à partir d’un prélèvement fœtal sont essentiellement réalisés dans les deux situations suivantes (Tableau DPN28) :

  • Lors de la suspicion d’une anomalie de la différenciation sexuelle à l’examen échographique ou lors d’une discordance constatée entre le sexe chromosomique déterminé à partir du caryotype déjà réalisé pour une autre indication et le sexe observé à l’échographie ;
  • Lors de la découverte à l’échographie fœtale d’un goitre, évocateur d’une dysthyroïdie fœtale.

Ces situations sont rares et peuvent être causées par différentes pathologies. Les dosages hormonaux permettent d’orienter le diagnostic étiologique. Le diagnostic prénatal permet une prise en charge aussi précoce que possible, permettant d’atténuer les effets de certaines de ces pathologies et de préparer la naissance ainsi que la prise en charge post-natale. Dans les cas les plus sévères, une IMG peut être acceptée après avis pluridisciplinaire rendu au sein d’un CPDPN.

En 2021, des dosages hormonaux ont été effectués chez 119 fœtus (Tableau DPN28). Une dysthyroïdie fœtale, soupçonnée chez 10 fœtus, a été confirmée chez 5 d’entre eux. Les dosages hormonaux en prénatal ont permis de confirmer une atteinte fœtale dans 32 des 109 cas de suspicions d’anomalie de la différenciation sexuelle examinées en 2021. Enfin, aucune suspicion de trouble hormonal fœtal n’est rapportée dans la catégorie « autre » depuis 2019.

 

Tableau DPN28. Evolution de l'activité d'hormonologie fœtale de 2017 à 2021

La quantité de dosages de l’alpha-fœtoprotéine (AFP) et d’électrophorèses des cholinestérases a diminué respectivement de 19,1% et 53,1% entre 2017 et 2021 (tableaux DPN29 et DPN30), la diminution étant surtout observée pour les dosages systématiques ou les indications non renseignées. 

L’observation de signes échographiques autres que ceux évoquant un défaut de fermeture du tube neural (DFTN) reste la principale indication du dosage de l’AFP amniotique en 2021, avec 5,9% des dosages anormaux dans cette situation. En présence de signes échographiques évoquant un défaut de fermeture du tube neural, l’AFP dans le liquide amniotique était anormale (≥ 2,5 MoM) dans 68,8% des cas en 2021. Au total, les anomalies échographiques, évocatrices ou non d’un défaut de fermeture du tube neural, représentaient 74,3% (N=1 355) des indications de dosage de l’AFP amniotique et ont conduit à des résultats de dosage anormaux de l’AFP amniotique dans 10,9% des cas. Parmi les fœtus ayant un dosage anormal de l’AFP amniotique, 98,7% présentaient des anomalies échographiques.

Le nombre d’électrophorèses des cholinestérases réalisées en raison de la suspicion échographique d’un DFTN ou d’autres signes d’appel non évocateurs de spina bifida apparaît relativement stable avec environ 300 examens par an représentant environ deux tiers des indications. L’électrophorèse des cholinestérases du liquide amniotique réalisée en présence de signes échographiques évoquant un défaut de fermeture du tube neural (DFTN) est anomale dans 62,8% des cas entre 2017 et 2021 (Tableau DPN30). En présence d’anomalies échographiques non-évocatrices d’un DFTN, seulement 2,9% des examens sont anormaux. Enfin, 81,5% des résultats anormaux d’électrophorèse des cholinestérases du liquide amniotique ont été observés après une indication liée à des signes échographiques.

 

Tableau DPN29. Evolution du dosage de l'AFP du liquide amniotique de 2017 à 2021
Tableau DPN30. Evolution de l'électrophorèse des cholinestérases du liquide amniotique de 2017 à 2021

Les « autres dosages biochimiques » sont pratiqués dans des situations prénatales très hétérogènes. Les dosages des enzymes digestives dans le liquide amniotique et l’exploration biochimique d’hydramnios sont les indications les plus nombreuses (Tableau DPN31) entre 2017 et 2021. Les données sont relativement fluctuantes, on note en 2021 une augmentation importante du dosage des enzymes digestives (+76,7%) à mettre sur le compte d’une amélioration du recueil par un laboratoire réalisant cet examen. 

 

Tableau DPN31. Evolution des autres dosages biochimiques de 2017 à 2021