Le 12 mars 2020, la directrice générale de l’Agence de biomédecine (ABM) a adressé un courrier aux professionnels des centres clinico-biologiques visant à recommander :
- Aux femmes infectées d’éviter de débuter une grossesse en AMP, conformément aux recommandations de l’ESHRE,
- Aux femmes ayant débuté une stimulation de conserver les ovocytes ou les embryons en vue d’un transfert ultérieur,
- De préserver les activités de préservation de fertilité oncologique,
- De discuter au cas par cas avec l’équipe pluridisciplinaire la prise en charge des femmes pour qui un report représenterait une réelle perte de chance.
Le 25 mars 2020, l’Agence a mis à jour ces recommandations, après concertation avec huit sociétés savantes professionnelles. Il était conseillé :
- De reporter les activités cliniques et biologiques d’AMP, quelle que soit la technique utilisée (fécondation in vitro, transfert d’embryon congelé, insémination artificielle, don de gamètes, préservation de la fertilité non urgente), même pour les femmes en situation de diminution de la réserve ovarienne ou proches de 43 ans,
- De ne pas conduire la conservation d’ovocytes et de tissus germinaux dans le contexte de la préservation de la fertilité, « sauf cas très particulier ». Concernant la conservation des spermatozoïdes, le ratio bénéfice/risque devait être évalué au regard des situations spécifiques des patients, des établissements et du contexte épidémique.
Recommandations
La reprise des activités d’AMP a été encadrée par des recommandations publiées par l’Agence de la biomédecine. Elles ont été le fruit d’un travail de collaboration avec un groupe réunissant les sociétés savantes professionnelles et une association de patients. Ces recommandations ont été régulièrement actualisées :
- La 1ère version des recommandations, publiée le 13 mai 2020 conseillait :
- de ne pas débuter une grossesse en cas de Covid-19 avéré ou suspecté ni en cas de contact à risque. La durée de report conseillé était de 2 à 3 mois.
- de prioriser les prises en charge les plus urgentes (notamment la préservation urgente de la fertilité, les femmes ayant une insuffisance ovarienne et celles dont la tentative avait été reportée en mars),
- de reporter la prise en charge des donneurs de gamètes et des personnes présentant une comorbidité à la Covid-19, telle que définie par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP)1.
- La 2ème version des recommandations, publiée le 17 juin 2020 conseillait :
- la reprise des dons de gamètes, si les moyens humains et matériels étaient réunis dans l’établissement.
- que les personnes présentant une comorbidité soient prises en charge en AMP, après une évaluation au cas par cas par l’équipe.
- Dans la 3ème version des recommandations, publiée le 30 juillet 2020,
- le conseil de reporter les autogreffes de tissus ovariens était levé,
- Il était indiqué que les personnes présentant une comorbidité à la Covid-19 pouvaient prises en charge de façon habituelle.
- Dans la 4ème version des recommandations, publiée le 6 octobre 2020,
- les délais de report de tentative en cas de Covid-19 ou de cas contact ont été réduits.
L’activité d’AMP dans un contexte de circulation du SARS-COV2
L’activité d’AMP a repris après la publication des recommandations du 13 mai 2020, toutefois de façon progressive, en raison de multiples facteurs :
- Des autorisations de reprise délivrées selon les situations locales par les ARS et les établissements de santé,
- Des tâches administratives supplémentaires (déprogrammation/ programmation des consultations et tentatives de tous les patients),
- Du personnel mobilisé en virologie ou secteur COVID, des absences de personnel liées à la situation sanitaire (cas contact, garde d’enfants) faisant diminué les effectifs des équipes,
- Une indisponibilité du personnel qualifié (anesthésistes, infirmières anesthésistes, personnels mobilisés en virologie ou secteur COVID …) ne permettant pas l’ouverture de blocs pour la réalisation des ponctions ovocytaires,
- Des procédures de recherche de symptômes et des dépistages (demandés par certains établissements de santé), chronophages et de gestion complexe, allongeant le parcours de prise en charge,
- Une application des mesures barrières (des fonctionnements par demi-équipe, annulation des réunions d’information collectives, …).
Ainsi, les centres clinico-biologiques et les laboratoires de biologie réalisant la préparation des spermatozoïdes en vue d’une insémination ont constaté un allongement des délais de prise en charge. Globalement une diminution a été observée sur l’ensemble des activités d’AMP
La figure AMP1 montre l’évolution du nombre de ponctions d’ovocytes et de décongélations embryonnaires en 2020 et en 2019, avec les décisions successives relatives aux activités d’AMP.

L’arrêté du 30 juin 2017 modifiant l’arrêté du 11 avril 2008 modifié relatif aux règles de bonnes pratiques cliniques et biologiques d’AMP prévoyait « une période transitoire de 3 ans pour mettre en œuvre les règles portant sur les conditions environnementales ». Considérant que les mesures sanitaires prises pour faire face à la crise sanitaire ont engendré des retards mettant certains centres d'AMP dans l’impossibilité de réaliser certains des travaux, la date butoir du 30 juin 2021 a été repoussée de 6 mois, soit jusqu'au 31 décembre 2020 inclus1. Ainsi, plusieurs centres ont fait réaliser ces travaux durant l’année 2020, ce qui a parfois amené un arrêt prolongé des activités, avec ou sans report d’une partie des tentatives vers un autre centre.